Skip to main content

Musée commémoratif du nouveau mouvement culturel de Taïwan

  • Date:2024-10-07
Musée commémoratif du nouveau mouvement culturel de Taïwan

Le musée commémoratif du nouveau mouvement culturel de Taïwan est situé dans ce qui était, pendant la période coloniale japonaise, le commissariat de police de Taihoku Nord (Taihoku North Police Station). A cette époque-là, le déploiement de la police de Taipei était réparti entre le nord et le sud de la ville avec la porte nord du vieux Taipei comme ligne de démarcation. Les deux zones étaient l’une sous la juridiction du commissariat de police de Taihoku Sud et l’autre sous la juridiction du commissariat de Taihoku Nord. Ce dernier était situé à Dadaocheng, le centre économique du nord de Taïwan de l’époque. Le quartier de Dadaocheng a été le berceau des mouvements politiques et sociaux taïwanais pour la démocratie à la fin de l’occupation japonaise. Plusieurs membres de l’élite taïwanaise ont été arrêtés et emprisonnés au commissariat Taihoku Nord pour avoir défendu leurs idées politiques jugées inacceptables aux yeux du gouvernement colonial.


Après 1945, le commissariat de Taihoku Nord restructuré est devenu le département de la police de Taipei. En 1998, l’ancien commissariat de Taihoku Nord a été classé monument historique municipal. S’agissant de l’unique commissariat de police des années 1930 de la ville de Taipei, il est devenu à ce titre un témoin précieux de l’histoire moderne. Le bâtiment conserve dans son enceinte le centre de détention et le dongeon d’eau, une vitrine permettant de mieux découvrir l’organisation spéciale de cet espace par la police. En tant que patrimoine culturel important du fonctionnement du système policier de l’époque japonaise, ce commissariat était destiné à l’origine à devenir un « musée de la police » afin de montrer l’atmosphère de contrôle policier sous l’occupation japonaise et les changements dans le rôle de la police. Or, cet espace étant représentatif de la répression des mouvements de la société civile et de la restriction des libertés d’expression et de pensée, les spécialistes ont réfléchi à la nécessité de l’ériger en un espace muséal dédié aux droits humains et à l’histoire douloureuse.


En 2006, la ville de Taipei a décidé de faire de ce monument le « Musée commémoratif du nouveau mouvement culturel de Taïwan ». La restauration de l’ensemble du site et la modernisation des installations à l’intérieur ont ainsi été programmées dans l’objectif de contribuer à préserver et à transmettre la compréhension des événements historiques et retracer l’esprit des personnes impliquées dans le nouveau mouvement culturel initié par l’Association culturelle de Taïwan (臺灣文化協會) dans les années 1920.


Après l’ouverture du port de Dadaocheng au commerce en 1860, les échanges commerciaux internationaux ont connu un essor rapide. En 1895, Taïwan est entré dans la période de colonisation japonaise et à cette époque-là, le quai de Dadaocheng était bordé d’entreprises étrangères et de marchands de thé. Le développement commercial du quartier de Dadaocheng a fait de la zone, la région la plus prospère de Taïwan. L’essor du transport commercial a créé une plateforme d’échanges multiculturels, rassemblant ainsi des lettrés et des artistes de tout Taïwan.

 

Dans les années 1920, les intellectuels taïwanais ont été influencés par la révolution Xinhai de 1911 en Chine, ainsi que par les vagues mondiales de nationalisme et de socialisme. Ils ont compris que les Taïwanais ne pouvaient pas rester éternellement un peuple colonisé privé du droit à la participation politique et ils ont décidé d’employer des méthodes non violentes pour s’opposer aux restrictions politiques et à la répression du savoir imposées par le régime colonisateur. Ainsi, en 1921, plusieurs militants dont Lin Hsien-tang (林獻堂) et Chiang Wei-shui (蔣渭水) ont appelé à la création de l’Association culturelle de Taïwan dans l’objectif de renforcer la conscience et la culture propres à Taïwan. A travers la publication de journaux, l’organisation de conférences, la présentation de pièces de théâtre et de films, l’association a réussi à déclencher tout un nouveau mouvement culturel à Taïwan.


Le journal Taiwan Minbao (臺灣民報), publié par l’Association culturelle de Taïwan, rivalisait avec le Daily News (日日新报), le journal officiel publié par les autorités japonaises. Le journal était ainsi l’unique plateforme d’expression des Taïwnaïs et également un support important dans le développement du mouvement culturel à Taïwan. Avec la montée du nouveau mouvement culturel, une nouvelle littérature taïwanaise a progressivement émergé. S’en est suivie l’arrivée d’une littérature soucieuse de la population locale et de ceux qui se situaient au bas de la hiérarchie sociale. Le nouveau mouvement du théâtre qui contrastait avec l’opéra traditionnel a aussi vu le jour avec ses idées progressistes visant à lutter contre le féodalisme et à réformer la société. Les membres de l’Association culturelle ont également créé des troupes de théâtre dans différentes régions pour présenter des pièces culturelles pleines d’idées réformistes dans le but de consolider la conscience taïwanaise à travers le théâtre et de transmettre à la population l’esprit de la nouvelle ère.


Le nouveau mouvement culturel a assisté à la naissance de nombreux artistes taïwanais et le quartier de Dadaocheng a connu de véritables talents tels le célèbre sculpteur taïwanais Huang Tu-shui (黄土水) et les peintres Kuo Hsueh-hu (郭雪湖), Chen Ching-fen (陳清汾), Chen De-wang (陳德旺) et Hong Rui-lin (洪瑞麟).


Le nouveau mouvement culturel de Taïwan des années 1920 a marqué une époque importante de l’éveil culturel à Taïwan. Grâce à des débats autour du thème de la démocratie, des conférences sur la culture et de multiples activités diverses, le mouvement a encouragé les Taïwanais à reconsidérer leur compréhension d’eux-mêmes. Porte parole d’un éveil de soi, le nouveau mouvement culturel a également encouragé les percées dans les domaines du cinéma, du théâtre, de la littérature, de la musique, et des arts, initiant une ère de nouvelle philosophie culturelle qui est la plus ouverte et la plus moderne de l’histoire de Taïwan.