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Réalisateur | Joe Hsieh

  • Date:2023-05-24
Réalisateur | Joe Hsieh

Dès son plus jeune âge, Joe Hsieh (謝文明) était fasciné par les techniques et la philosophie des peintures orientales et occidentales. Il a ainsi suivi des cours d'art pour apprendre les techniques du style Gong Bi (très réaliste), le lavis à l'encre, la calligraphie, l'aquarelle, le dessin et diverses autres techniques. Dans sa jeunesse, il était également attiré par les films de thriller et d'horreur. Il a même regardé maintes fois des films comme « Le silence des agneaux », « Rosemary's Baby », « Alien », « Misery » ou encore « l'Exorciste ». Cette passion s'est reflétée par la suite dans ses œuvres qui mettent en scène un certain nombre de personnages habités par l'obsession ou la fascination et qui se retrouvent dans des situations proches du genre du thriller.


Joe Hsieh s'est spécialisé en peinture à l'huile lorsqu'il étudiait à l'Université nationale des arts de Taipei. Par la suite, il s'est inscrit à l'Institut supérieur d'animation et d'art cinématographique de l'Université nationale des arts de Tainan. En deuxième année de master, il a réalisé individuellement le court métrage d'animation « The Garden of Delights (享樂花園) ». Ce premier essai a été sélectionné dans divers festivals comme le Festival international du court métrage de Berlin, le Festival du film d'animation de Bradford en Grande-Bretagne et Fantoche en Suisse. Ces reconnaissances lui ont permis de se forger rapidement une réputation internationale. L'année suivante, Joe Hsieh a orienté son travail de visuels éblouissants et magnifiques vers une atmosphère plus calme et plus sombre tout en maintenant son art distinctement dense et délicat. En 2008, il a terminé son court métrage de fin d'études « Meat Days (肉蛾天) », qui a non seulement été sélectionné par le Festival du film de Busan et le Festival international d'animation d'Hiroshima, mais qui a également remporté le prix du meilleur court métrage d'animation au Festival du film asiatique de San Diego aux Etats-Unis. Son film « The Present (禮物) » de 2012 a été nominé aux Golden Horse Awards et au festival du film de Sundance. Ce film a de nouveau permis à Joe Hsieh de décrocher le prix du meilleur court métrage d'animation au Festival du film asiatique de San Diego l'année suivante.


Grâce à son style visuel fort, « Night Bus (夜車) » a remporté le prix du meilleur court métrage d'animation aux 57e Golden Horse Awards, ainsi que plus de 20 autres prix d'animation dans des festivals de cinéma du monde entier, dont une mention spéciale du jury du festival du court métrage de Clermont-Ferrand, le prix de la meilleure animation au festival du film de Sundance et le Grand Prix à l'Animafest Zagreb (l'un des quatre plus grands festivals de films d'animation au monde). Il a également été sélectionné pour participer aux Oscars 2022 du meilleur court métrage (d'animation) et a été nominé aux Oscars du monde de l'animation, les Annie Awards. Les dialogues du film « Night Bus » mélangent à la fois le mandarin et le taïwanais et Joe Hsieh estime que le charme unique du taïwanais a brisé la barrière de la langue et a mis en valeur les caractéristiques de Taïwan. Son esthétisme et sa philosophie orientales ont probablement été la clé pour toucher les membres du jury.


Les œuvres de Joe Hsieh ont été primées dans de nombreux festivals de cinéma à travers le monde. Pour lui, cette reconnaissance s’explique par le côté rarissime des œuvres extravagantes, sombres ou sanglantes du monde oriental, ce qui fait que ses films se démarquent des autres. Pour lui, « peut-être que le fait d’avoir grandi dans le monde oriental a rendu [son] approche de narration et de l’art différent. » « Mes films montrent toujours des visages asiatiques pleins d’émotions de l’amour ou de la haine et j’ai toujours été fier de mes origines orientales » a-t-il déclaré.


Joe Hsieh dessine toujours au crayon les détails de ses personnages : « esthétiquement parlant, je pense que ce qui m'importe vraiment, c'est le raffinement ». Et d'ajouter : « de la mauvaise herbe dans « Meat Days » aux cheveux du singe dans « Night Bus », je veux toujours créer une texture de croquis. »


Né en 1980, Joe Hsieh a toujours démontré davantage d'audace et de liberté sur le plan esthétique et sur la manière d'aborder les tabous par rapport à ses pairs plus jeunes. Sa trilogie considérée trop ouverte n'est pas classée « tout public ». Dans certains festivals à l’étranger, elle est même classée dans les animations pour adulte.


Les œuvres de Joe Hsieh excellent particulièrement dans leur exploration du côté obscur de l'humanité et leur style bouleversant. Joe Hsieh estime s’être inspiré du réalisateur et animateur japonais Kihachiro Kawamoto, grâce auquel il s'est rendu compte que l'animation pouvait aussi creuser les faiblesses de la nature humaine, tout comme un film d'action réel, présentant le côté obscur des êtres ou leur amour et la haine. A la fin de son film « Meat Days », Joe Hsieh rend hommage à Kihachiro Kawamoto. « Ce n'est non seulement un hommage mais également un rappel à moi-même pour ne jamais oublier mon intention originelle de créer des œuvres d’animation » a-t-il déclaré.


Fasciné par les techniques narratives surréalistes de Jan Svankmajer, Joe Hsieh fait souvent paraître le choc créé entre la peinture classique orientale et l’esthétique occidentale. De « The Garden of Delights (享樂花園) » qui défie les frontières du thème du « sexe » avec essaie d’imaginer où se trouve la ligne de fond jusqu'à « Meat Days » et « The Present » qui utilisent la perspective féminine comme sujet narratif pour explorer les maux et douleurs pitoyables qui ne peuvent être observés, les thèmes de ses créations chevauchent la limite entre le bien et le mal en rendant légitimes la paranoïa et la honte tout en louant la réalité de la nature humaine avec ses côtés obscurs comme la solitude et la destructivité. A travers cela, Joe Hsieh démontre un respect et une tolérance envers la nature humaine et redéfinit la vision morale de cette génération.