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NAISSANCE DU CINÉMA À TAÏWAN : LA PERIODE COLONIALE JAPONAISE


La naissance du cinéma coïncide à Taiwan avec le début de la colonisation japonaise. En effet, suite à la victoire du Japon sur la Chine en 1895, l’île est cédée au vainqueur. Selon certains le cinéma est introduit sur l’île de Taïwan en 1896 sous la forme d’un Kinetoscope d’Edison même avant l’arrivée du cinéma en Chine ou au Japon. Pour d’autres, le cinéma n’est arrivé qu’en 1899 (avec un Vitascope d’Edison) ou 1900 avec l’introduction du cinématographe des frères Lumières. Les premières années, les projections de cinéma sont essentiellement itinérantes. Il faut attendre 1908 pour que soit construit le premier cinéma.


Pendant les années de la colonisation (1895-1945), Taiwan sert surtout de décor pour des fictions exotiques et pour des documentaires de propagandes qui présentent l’île comme une colonie exemplaire hissant le Japon au rang des grandes nations. Même si quelques jeunes Taiwanais partent se former au cinéma au Japon comme Shao Luo-hui ou He Ji-ming qui deviendront des réalisateurs importants dans les années 1950, l’industrie du cinéma se développe peu et Taiwan reste essentiellement un marché pour les films japonais et chinois (quand ils ne sont pas interdits).


ARRIVEE DES MAISONS DE PRODUCTION CHINOISES A TAIWAN


Après la seconde Guerre Mondiale, Taiwan est confiée au gouvernement nationaliste chinois qui récupère les structures cinématographiques laissées par les Japonais – ainsi que certains techniciens en charge de la transition. Quelques fictions mais surtout des documentaires qui permettent de faire découvrir aux Chinois leur « nouvelle province » sont produits. Mais le grand bouleversement intervient en 1949, quand le parti nationaliste chinois (KMT) est battu par les communistes. Le KMT se réfugie sur l’île où il établit la République de Chine en exil. Deux millions de réfugiés suivent le KMT et les maisons de production d’Etat avec leur personnel sont relocalisés à Taiwan. A partir de 1951 se produisent des films de propagandes qui annoncent la reconquête de la Chine et qui promeuvent les succès économiques du KMT à Taiwan.


LA COHABITATION DE DEUX SYSTEMES DE PRODUCTION


Au même moment, certaines compagnies de Hongkong commencent à produire des films en amoy, une langue du sud de la Chine proche du hoklo parlé par la majorité de la population locale taiwanaise. Ces films connaissent un immense succès à Taiwan. En 1956, des Taiwanais s’en inspirent et se lancent alors dans la production cinématographique. Ce cinéma en hoklo devient très populaire contrairement aux films de propagande en mandarin.


L’Etat décide donc de réorganiser son industrie cinématographique et fusionne les anciens studios en CMPC (Central Motion Picture Company) et Taiwan Studio. Le premier studio lance à partir de 1964 le mouvement du Réalisme Sain sous l’égide de son directeur Henry Kung. Il veut créer un genre à la fois réaliste, mais également enthousiaste. Les premiers films du genre sont réalisés par Lee Hsing, un immigré chinois, en cinémascope et en couleur. Ces films en mandarin remportent un véritable succès à Taiwan, en Asie du Sud et les échanges avec Hongkong se multiplient.


Pendant la décennie des années 1960 cohabitent ainsi deux systèmes de production : la production en mandarin et celle en hoklo. La première bénéficie de budgets plus importants mais les œuvres sont plus conventionnelles. Quant au cinéma en hoklo, ses budgets sont réduits mais se décline en tous genres avec une plus grande liberté de ton et de style.


De nombreux réalisateurs d’origine chinoise font leur apprentissage dans cette industrie avant de passer au cinéma en mandarin, de même certains acteurs du cinéma en hoklo sont embauchés par les studios nationaux où leur origine « taiwanaise » leur permet de jouer des rôles plus ambigus que ceux de leurs collègues chinois. C’est également pendant cette décennie que les industries cinématographiques de Taiwan et Hongkong commencent à être interdépendantes.


L’AGE D’OR DU CINEMA DE GENRE EN MANDARIN


A partir des années 1970, une nouvelle loi interdit l’emploi des langues autre que le mandarin dans les lieux publics. Cela fait complétement disparaître le cinéma en hoklo, déjà en déclin. Du côté du cinéma en mandarin plusieurs genres se partagent le marché : le cinéma de kungfu et de wuxia bien sûr, mais également le cinéma de propagande qui connaît une nouvelle vague au moment où la République de Chine perd sa légitimité sur la scène internationale. Apparait également un genre appelé three-rooms films. Il s’agit de l’adaptation des romans populaires de Qiong Yao. Ces films mettent scène des histoires sentimentales dans des décors bourgeois et reflètent le rêve d’une société qui s’industrialise de plus en plus.


Les films de kungfu et de wuxia s’exportent dans le monde entier et parfois trouvent une certaine légitimité comme A Touch of Zen de King Hu qui est présenté au Festival de Cannes en 1975.


Les deux autres genres remportent principalement du succès à Taiwan et dans les Chinatowns. Mais à la fin des années 1970, le système de studio s’effondre : le marché de la vidéo s’étend, les pays d’Asie ferment leur marché,les stars coûtent chers et préfèrent travailler à Hongkong et la vieille génération de réalisateurs d’après-guerre, pour la plupart venus de Chine, ne parvient plus à produire des oeuvres qui attirent des jeunes générations nées à Taiwan.


LA NOUVELLE VAGUE


C’est dans ce contexte que la CMPC tente une ouverture sur la jeune génération en employant d’abord de nouveaux scénaristes tels que Wu Nien-jen et Hsiao Yeh, ces derniers écrivent des histoires différentes et poussent à adapter l’écrivain de la « littérature du terroir » Huang Chun-ming. Puis le nouveau directeur Ming Chi décide de proposer à des débutants de réaliser des films à épisodes peu coûteux.


Il s’agit de In Our Time et The Sandwich Man, par manque de budget ces jeunes réalisateurs dont Hou Hsiao-hsien et Edward Yang emploient des acteurs amateurs ou débutants et racontent des histoires simples et proches du quotidien des Taiwanais. Au même moment, un autre film à épisode est réalisé par les réalisateurs de la « vieille génération » mais c’est un cuisant échec commercial alors que les premiers remportent un franc succès. Ce groupe de jeunes réalisateurs sont soutenus dans la presse par la critique Peggy Chiao qui sera également celle qui s’efforcera de les faire connaître à l’étranger, elle invente l’expression de Nouveau Cinéma qu’elle compare à la Nouvelle Vague française.


A partir du milieu des années 1980, ces films participent à de nombreux festivals à l’étranger. Mais si les spectateurs étrangers apprécient ces films, le public taiwanais se lasse rapidement. Et au début des années 1990, la CMPC lance un nouveau concours de scénarios afin de revivifier l’industrie cinématographique en plein marasme. Les deux grands gagnants sont Ang Lee et Tsai Ming-liang qui réalisent alors leurs premiers films Pushing Hands et Garçon d’honneur pour le premier, Les rebelles du Dieu Néon et Vive l ‘amour pour le second qui remportent de nombreux prix dans les festivals internationaux.


LA SITUATION ACTUELLE


Les années 2000 sont des années de crise du cinéma, peu de films sont produits mais les jeunes réalisateurs parviennent malgré tout à produire des œuvres personnelles. En 2008, le succès fulgurant de Cape n°7 de Wei Te-sheng bouleverse à nouveau la production : le cinéma devient à nouveau attractif.


En contrepartie, les réalisateurs tendent à perdre leur espace de création et sont poussés à réaliser des films commerciaux. Pourtant, malgré cette pression commerciale constante des réalisateurs tentent de résister à cette pression et tentent de continuer à faire des films différents.


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