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Maître de l'art de la céramique fragmentée | Chen San-huo

  • Date:2022-09-23
Maître de l'art de la céramique fragmentée | Chen San-huo

Chen San-huo (陳三火), surnommé « Maître Huo », est né en 1949 dans l'arrondissement de Madou à Tainan. Maître de la quatrième génération de l'école Quan de Taïwan en céramique fragmentée, Chen San-huo est reconnu par le ministère de la Culture en tant que conservateur du patrimoine culturel de « l'artisanat de la céramique fragmentée (littéralement couper-coller) » et est considéré comme un trésor national en tant qu’artisan. Son père était peintre de temples et s'est arrangé pour que lui et ses frères apprennent différents artisanats dès leur plus jeune âge. Son frère aîné, Li Shi-yi (李世逸, portant le nom de jeune fille de sa mère) apprenait la céramique fragmentée tandis que lui étudiait la sculpture sur bois. Cependant, lorsqu'il était en dernière année du collège, Chen San-huo, impressionné par l’art magistral de son frère, a décidé d'arrêter la sculpture sur bois pour se lancer dans cet art de la céramique fragmentée.


Après avoir obtenu son diplôme, Chen San-huo a suivi son frère aîné pour apprendre l'art de la céramique fragmentée des temples. En tant qu'apprenti, il s'efforçait d'accomplir chaque tâche qui lui était confiée. Travaillant sur des projets de temples, ils voyageaient fréquemment d'un bout à l'autre de Taïwan. Les temples étaient comme leur domicile puisqu’ils dormaient par terre dans les temples et se levaient tôt le matin pour préparer le petit-déjeuner. Ainsi, sous la tutelle de son frère aîné, Chen San-huo a commencé à acquérir une base solide dans la céramique fragmentée.


Chen San-huo s'est mis à son compte en 1978. Avec persévérance et abnégation, il a parcouru des temples de tout Taïwan et s'est même aventuré jusqu'au Japon et à Hong Kong. Il a travaillé sur plus d'une centaine de temples. Son travail exquis peut être vu partout. Il est possible de voir le travail emblématique de maître Chen San-huo au temple Ciji (慈濟宮) à Fengyuan, au temple Zhenlan (鎮瀾宮) à Dajia, au temple Chaotian (朝天宮) à Beigang, au temple Fengtian (奉天宮) à Xingang ou encore au temple Yuhuang (玉皇宮) à Tainan. Il a même été invité par un hôtel au Japon pour faire des décorations en céramique fragmentée. Son travail est également reconnu par un temple bouddhiste dans les Nouveaux Territoires à Hong Kong.


En 2002, Chen San-huo a entrepris le travail de restauration du temple Ciji à Fengyuan dans la ville de Taichung, lourdement endommagé par le tremblement de terre de Jiji de 1999. Au cours de ce travail, il a utilisé un vase brisé pour assembler les morceaux et les coller en une statue de Bodhidharma, marquant le début de sa réutilisation des tessons de céramique pour créer de nouvelles œuvres uniques. Selon Chen San-huo, l’art traditionnel de la céramique fragmentée dépendait de la création d’un maître qui découpait les formes qu’il souhaitait avant d’assembler les morceaux. Son approche nouvelle part plutôt des matériaux eux-mêmes puisqu’il fait ses créations en fonction de la forme et des couleurs des tessons de vase. Cette création libre rend unique chacune de ses pièces.


Dans la céramique fragmentée traditionnelle, la vaisselle utilisée était d'abord cassée pour obtenir des formes de base avant de les tailler pour leur donner la forme souhaitée. Pour ses œuvres, Chen San-huo casse aussi d’abord des vieux vases, des bouteilles ou des pots mais il assemble ensuite les tessons avec les formes obtenues sans les retoucher. Ces créations sont ainsi plus dynamiques et rythmiques.


En 2003, le décès soudain de son frère aîné des suites d'un cancer a été un coup dur pour Chen San-huo. Il a commencé à réfléchir sur le caractère éphémère de la vie, craignant que les 400 ans d'histoire de la céramique fragmentée ne disparaissent. C'est ce qui l'a inspiré à orienter son métier de l’artisanat vers l'art.


Deux ans plus tard, Chen San-huo a émerveillé le monde artistique avec l’exposition de ses cinquante premières nouvelles créations de céramiques fragmentées au centre culturel de Madou. Il a transformé la céramique fragmentée traditionnelle réalisée en format semi-tridimensionnel avec des morceaux de verre ou des bols en portraits tridimensionnels, dynamiques ou en oiseaux et animaux, initiant une grande percée dans l'art de la céramique fragmentée qui se détache des contraintes spatiales des toits des temples. La céramique fragmentée devient alors synonyme de créations artistiques pouvant être exposées sur des étagères non loin des yeux. En cette même année, Chen San-huo a été invité à réaliser le projet de décoration de crête du toit du temple Fu'an (福安宮) à Zheng Ziliao dans le nord de Tainan. Il a été spécifiquement invité à utiliser son procédé innovant de céramique fragmentée, marquant le début de la popularité de l’art de la céramique fragmentée.


En 2006, Chen San-huo a créé un atelier de céramique fragmentée à Madou où il continue non seulement à créer, mais se consacre également à la transmission de son savoir-faire. Il qualifie la transmission de cet art comme sa mission et l’innovation comme son centre d’intérêt personnel. Selon Chen San-huo, l'artisanat de la céramique fragmentée est en déclin. Par conséquent, en plus d'apprendre aux étudiants cet art et à en apprécier la beauté, l’élément le plus important est de créer des œuvres aux caractéristiques bien distinct afin de faire perdurer cet art.


Au cours de son demi-siècle de carrière dans cet art, Chen San-huo a été honoré d'un large éventail de prix et de reconnaissances, notamment le Taiwan Distinguished Master Award (台灣地區傑出達人獎) en 2013, le prix de contribution de toute une vie de la ville de Tainan en 2015, le Global Chinese Culture Award en 2016 et il a été reconnu comme Trésor national vivant en 2020 par le gouvernement.