Né en 1931 dans l'actuel quartier Dalongdong de Taipei, le maître des marionnettes à gaine Chen Hsi-huang (陳錫煌) est le fils de Li Tien-lu qui dirigeait le théâtre de marionnettes I Wan Jan. Chen Hsi-huang s'est lancé dans le monde de la marionnette à l'âge de 13 ans et il a appris cet art auprès de différentes écoles. En plus du savoir-faire familial qui l'a nourri, il a également travaillé au sein de différentes troupes de marionnettes du nord comme du sud de Taïwan : Hsin Hsing Ku Puppet Show Troupe, Hsiao Hsi Yuan Puppet Theater, Wu Chou Yuan Theater ou encore la troupe Yu Chuan Ge. En 1953, Chen Hsi-huang a formé le « New Wan Jan Puppet Theater. » Il a d’ailleurs appris les techniques de la marionnette à fil pour manier tous les gestes possibles que ce soit la posture d’un officiel, marcher, s'agenouiller, s'asseoir, tomber, se cogner ou même trébucher.
Issu d’une famille de marionnettistes, Chen Hsi-huang n'a jamais vu de spectacle assuré par son grand-père. Il était plutôt aux côtés de son père qui respectait les règles de la société de l'époque selon lesquelles seules les sanctions strictes forment un fils filial et seuls les maîtres stricts forment un apprenti exceptionnel. Son père ne lui apprenait ainsi pas directement, mais lui faisait des signes du regard. Si Chen Hsi-huang n'en comprenait pas le sens, il recevait des coups. Tout son savoir-faire d'aujourd'hui, il l'a acquis à travers l'observation, l'exploration personnelle et par tâtonnement. Sa technique exceptionnelle interprétant « une demoiselle se peignant les cheveux » a d'ailleurs été entièrement développée lorsqu’il avait plus de 60-70 ans déjà. Cette technique est devenue une marque du maître.
A partir de 2001, Chen Hsi-huang a initité une collaboration avec la compagnie de théâtre de marionnettes Taiyuan et cette coopération a permis la création de célèbres pièces telles que « Marco Polo » ou « le mariage des souris. » Chen Hsi-huang a rencontré un grand succès dans ses tournées à l'étranger. Depuis, il s'est adonné à créer une forme d’art interdisciplinaire qui sort du cadre strict des marionnettes à gaine. Ces dernières, à la rencontre des autres formes d’art, ont généré de nouvelles étincelles. Chen Hsi-huang promeut par ailleurs activement l'art traditionnel des marionnettes pour le faire connaître auprès des jeunes.
Dans le but de préserver l'art des marionnettes traditionnelles du déclin et de la menace de disparition, et pour transmettre les savoir-faire liés à cet art, Chen Hsi-huang a constitué la troupe de marionnettes traditionnelles Chen Hsi-Huang pour faire connaître la beauté de cet art. Inspiré par son père Li Tien-lu, Chen Hsi-huang est un artisan complet qui allie à la fois la performance et la fabrication des marionnettes. La création de sa troupe a pour mission de promouvoir et de transmettre l'art des marionnettes traditionnelles. Elle offre également des opportunités de spectacles à ses disciples et l'occasion pour eux de transmettre eux-même ce savoir-faire. Afin de permettre au public étranger qui ne comprend pas le taïwanais d'apprécier la beauté des marionnettes, Chen Hsi-huang a adapté la pièce « Chance Encounter Leads to Marriage » où les gestes et mouvements des marionnettes dans le rôle de la « demoiselle », du « jeune homme » ou encore du « clown » suffisent à fasciner les spectateurs. Les détails des techniques fines du maniement des marionnettes démontrent en même temps l'innovation de Chen Hsi-huang.
Chen Hsi-huang a indiqué qu'il a commencé à apprendre l'art des marionnettes à l'âge de 13 ans. Après près de 80 ans d'expérience dans l’apprentissage et les performances, il ressent profondément la beauté de la marionnette traditionnelle. Malheureusement, l'arrivée de la télévision, des ordinateurs et des téléphones portables a largement distrait le public moderne et le nombre de spectateurs des marionnettes diminue. Il souligne néanmoins que grâce à l'internet et à l'organisation d'ateliers par des maîtres au musée de la marionnette de Taipei, il a la possibilité de transmettre cet art traditionnel. Chen Hsi-huang a indiqué qu’il avait suggéré au musée de Taipei de mettre en place les « ateliers des maîtres » par peur de voir se perdre ce savoir-faire traditionnel. Pour lui, il suffit que des personnes aient envie d'apprendre pour que la transmission de cet art puisse perdurer : « Si je ne me dépêche pas de transmettre cet art, je crains que les prochaines générations n’aient plus l'occasion d'admirer cet art si magnifique » a-t-il déclaré.
Chen Hsi-huang a souligné qu’à la différence des opéras taïwanais ou de Pékin dont la transmission est assurée dans les établissements scolaires spécialisés, l'art de la marionnette ne bénéficie pas d'une institution spécialisée. Personne n'étant prêt à établir une école de marionnettes, il a préféré se lancer pour promouvoir ce savoir-faire traditionnel et assumer son travail de transmission qui est ainsi en cours depuis 14 ans. Chen Hsi-huang a ajouté qu'il serait dommage qu'une si belle culture traditionnelle des marionnettes tombe en perdition. Il espère que davantage de personnes apprennent cet art, afin que la beauté des marionnettes continue à s'épanouir.
Chen Hsi-huang a été désigné « conservateur important de l'art traditionnel des marionnettes » en 2009, puis « conservateur des savoir-faire techniques de fabrication des costumes, casques et chapeaux des marionnettes classiques » en 2011. En 2012, il devient récipiendaire du 2e prix national de préservation du patrimoine culturel (dans la catégorie conservation et transmission). Il est le seul maître des marionnettes à recevoir les deux distinctions « conservateur important de l'art traditionnel des marionnettes » et « conservateur des savoir-faire techniques de fabrication des costumes, casques et chapeaux des marionnettes classiques » décernées par le ministère de la Culture.